Homélie du jour de Pâques
Abbé Jean Compazieu | 11 avril 2014
Le Seigneur est ressuscité
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Le samedi est passé ; un jour nouveau commence ; il commence dans la tristesse. C’est souvent le cas dans notre vie, surtout lorsque nous nous trouvons devant la tombe d’un être cher. Celle de Jésus n’a rien de particulier. C’est une tombe parmi d’autres. Il y a quand-même une tristesse en plus : ce n’est pas seulement le corps d’un ami qui finit dans cette tombe ; c’est aussi l’espérance d’un règne nouveau.
Le premier jour de la semaine (dimanche), “Marie-Madeleine se rend au tombeau alors qu’il fait sombre”. Sa détresse est celle de toute personne qui se réveille chaque matin pour se trouver devant un grand vide. Celui que son cœur aime n’est plus là. C’est cette souffrance morale qui la pousse de grand matin vers le cimetière.
Mais si nous sommes attentifs à la vie de notre monde, nous découvrons l’ampleur du drame. De nos jours, des pays entiers sont transformés en cimetières. Pensons à toutes les victimes de l’oppression, de la violence, de la guerre : devant ces images de mort, nous sommes souvent comme les disciples de Jésus : nous fuyons. Seules quelques pauvres femmes ont suivi Jésus jusqu’au bout. En ce premier jour, elles se rendent au tombeau. Elles sont préoccupées par la manière dont elles pourront y entrer. La pierre qui scelle la tombe est lourde, comme celles qui écrasent la vie des pauvres.
Mais à leur arrivée, elles voient que la pierre est roulée de côté. Elles découvrent un ange vêtu de blanc. Elles sont alors saisies de crainte. Mais l’ange les rassure : “Ne craignez pas, vous : je sais bien que vous cherchez Jésus le crucifié. Il n’est pas ici car il est ressuscité comme il l’avait dit (Mt 28, 5-6)”. Voilà l’Evangile de la résurrection qui nous est annoncé en ce dimanche.
Cette première Pâque est offerte à trois pauvres femmes, seules, étrangères et méprisées. A travers elles, c’est la bonne nouvelle qui est annoncée aux pauvres. Même si elle n’a lieu que pour ces trois pauvres femmes, elle concerne tous les disciples. Elles sont envoyées pour leur annoncer que Jésus est ressuscité d’entre les morts ; ils doivent se rendre en Galilée. C’est là qu’ils le trouveront. Les évangiles nous donnent plusieurs témoignages de la résurrection. Tous nous parlent du tombeau vide. Plus tard, ils rencontreront Jésus ressuscité.
A partir de ce moment, les disciples seront envoyés pour annoncer la résurrection au monde entier. C’est ce témoignage que nous trouvons dans le livre des actes des apôtres. Tous les discours de Pierre après la Pentecôte sont centrés sur cet événement qui a bouleversé sa vie. La Passion et la résurrection de Jésus l’ont amené à avoir une tout autre vision de Dieu et de son œuvre de salut. Aujourd’hui, cette bonne nouvelle est annoncée à Corneille, un centurion romain. Avec Jésus, le salut est offert à tous ceux qui s’ouvrent à la foi. Même les païens peuvent devenir membres du peuple de Dieu.
Dans la seconde lecture, l’apôtre Paul nous recommande d’enlever de nos cœurs le vieux levain, c’est-à-dire tous les ferments mauvais de pourriture. Cela ne veut pas dire qu’il faut abandonner le monde ni passer sa journée à regarder vers le ciel. Il s’agit pour nous de fixer notre regard vers le Christ. C’est un appel à lui manifester notre amour. Cette manifestation, nous pourrons la vivre des la prière, dans les sacrements, dans la charité et dans notre témoignage. Alors, comme saint Paul, nous pourrons dire fièrement : “Pour moi, vivre, c’est le Christ et mourir est un avantage.”
Nous avons lu dans l’Evangile que, le jour de Pâques, les disciples sont invités à se rendre en Galilée, c’est-à-dire l’extrême périphérie d’Israël. C’est là que commence le monde des païens. C’était une région contaminée par des pratiques religieuses venues du paganisme. Et c’est là que Jésus a commencé sa mission. C’est aussi de là que les apôtres partiront sur les routes du monde. C’est important pour nous : le pape François nous rappelle inlassablement à aller vers les périphéries ; l’Evangile doit être annoncé à tous, en particulier à ceux qui sont les plus loin.
Nous sommes tous envoyés pour évangéliser. Ne disons pas : “Je ne sais pas convaincre… je ne suis pas assez formé… je ne suis pas capable…” Ces arguments reviennent souvent quand on propose à des chrétiens d’évangéliser. N’oublions pas que la première évangélisatrice, c’est Marie-Madeleine, une pècheresse ; visiblement, elle n’a pas compris tout de suite ce qui se passait. Mais c’est elle qui est partie en toute hâte pour annoncer la bonne nouvelle aux apôtres. Et c’est parce qu’elle a osé le faire que Pierre et Jean ont couru vers le tombeau et que leurs yeux se sont ouverts. A notre tout, n’attendons pas d’avoir tout compris pour nous lancer dans cette grande aventure.
En ce jour, nous te supplions, Seigneur : mets en nous ton Esprit Saint. Ainsi, nous pourrons proclamer avec force que tu es vivant pour les siècles des siècles. Amen
Sources : Parole de Dieu pour chaque jour de 2014 (V. Paglia) – Au cœur de l’Eglise, année A (P. Chauvet) – Missel communautaire – Guide Emmaüs des dimanches – Revue Dimanche en Paroisse
Deux vidéos de Soeur Claire sur la semaine Sainte : ici
Jésus est ressuscité c’est fabuleux ! Comme Marie Madeleine courons nous aussi annoncer la bonne nouvelle ! Je la ferai savoir autour de moi !
Des pays devenus d’immenses cimetières… En Syrie, des chrétiens subissent le même sort que leur maître. Ils sont crucifiés : Lire le témoingnage sur le site aleteia
Leur témoignage nous rappelle que pour un disciple du Christ, il n’y a pas de place pour la tiédeur et la médiocrité.
D’autre part, une religion qui massacre au nom de Dieu ne peut pas venir de Dieu. Notre Dieu est AMOUR. Il ne sait pas être autre chose.
En ce jour de Pâques, je me lève ébloui par cette clarté matinale avec en arrière plan ces amples pommiers ;ces derniers arborent fièrement leur manteau blanc de fleurs; des cris sauvages retentissent au loin et me font voir une bande de corneilles affairées autour de leurs nids hauts perchés.Ces clichés de vie font s’exhaler de mon être ce magnifique psaume de la création. De cette contemplation monte ma louange au Seigneur qui me vivifie.